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L'Hermione ou le patrimoine maritime en chantier

vendredi, 10 juillet 2009 02:00
Descendre du Belem pour monter à bord de l'Hermione, tracer littéralement le chemin entre le plus ancien des trois mâts barque et la monumentale réplique d'un navire de guerre du 18e siècle, entre le vieux gréement rendu à la navigation et la frégate destinée à suivre la route de son homonyme qui emmena le général de La Fayette en Amérique : ce fut une véritable première qu'ont réalisée les stagiaires et les membres d'équipage du Belem à peine arrivés à Rochefort. Un trait d'union entre deux belles aventures nées de l'imagination, la persévérance, et le savoir-faire de leurs protagonistes.

En mémoire de La Fayette
Plus prosaïquement, un des points communs entre le Belem et l'Hermione originelle tient dans les six mois qui ont suffi pour les construire tous deux. L'un et l'autre avaient bénéficié de ce que la construction navale pouvait offrir de mieux – la technique industrielle de la fin du XIXe siècle pour l'un et...les efforts cumulés de 300 ouvriers et 100 bagnards pour l'autre. Quand on sait qu'actuellement l'équipe qui se consacre à la reconstruction de l'Hermione est composée de 18 personnes, on comprend que le chantier puisse prendre plus de temps d'autant que la qualité du travail accompli n'a rien à envier à celle des constructeurs d'origine.
C'est en 1997 que s'est ouvert le chantier de l'Hermione. Ce fut un premier aboutissement, une étape cruciale d'un projet qui commença à prendre forme 10 ans plus tôt sous l'impulsion notamment d'Erik Orsenna, président-fondateur du Centre de la Mer à la Corderie royale de Rochefort et de Benedict Donnelly, fils d'un héros du Débarquement en Normandie, président de l'association Hermione-La Fayette depuis 1994. Les collectivités publiques –  ville, département, région, Europe – ont apporté leur soutien à ce qui pouvait sembler au départ un rêve impossible mais qui reposait sur de solides fondements : l'intérêt patrimonial, l'attrait touristique, la composante historique, la valorisation des métiers de la construction maritime... A cela s'ajoutent l'engagement et la fidélité des 4500 membres de l'association.

330 marins à bord...
Dès l'entrée sous la vaste canopée qui abrite des regards le chantier de l'Hermione –  au dernier étage de l'échafaudage qui surplombe le navire – une question surgit tout naturellement parmi ceux du Belem, histoire de se faire une idée comparative : combien mesure l'Hermione ? Davantage que le Belem, puisqu'elle a une longueur hors tout de 65m contre 58m pour le Belem avec une largeur au maître bau de 11,20m contre 8,80 pour le Belem. Pas beaucoup plus longue mais nettement plus ventrue pour pouvoir supporter des mâts plus longs (56,55 pour le grand mât) et transporter – potentiellement bien sûr – 330 marins comme ce fut le cas lorsque l'original a appareillé pour l'Amérique en 1780 avec à son bord le jeune marquis de La Fayette. Pour le modèle contemporain, on envisage un équipage de 30 marins confirmés plus une trentaine de bénévoles...
Aujourd'hui, les travaux de la coque et de son aménagement interne s'acheminent vers leur fin et les discussions portent maintenant sur  les questions de mâture et de voilure. La visite de la cale et des trois ponts est une incessante découverte de l'excellence du travail des charpentiers et ferronniers de marine. Yann Carriou, Commandant du Belem a déjà suivi les travaux sur les goélettes de la Marine nationale et c'est en connaissance de cause qu'il souligne « le superbe ouvrage dans chaque détail de la reconstruction, le travail des pièces de bois, les finitions sans un défaut ». Heureux de voir l'état d'avancement, la finesse des lignes d'eau, il attend avec intérêt de voir relever le défi que présente la complexité du gréement...

Un projet lié à l'identité régionale
Si la suite des opérations se déroule comme prévu, l'Hermione sera mise à l'eau en 2011 et traversera l'Atlantique pour Boston en 2012. Cela marquera l'aboutissement d'une aventure qui aura mis 35 ans à se réaliser depuis le moment où elle a été imaginée. Elle aura demandé un budget total de 20 millions d'euros, dont le tiers assuré par les visites du chantier. Pour l'instant, il s'agit de pouvoir boucler ce budget, ce dont ne doute pas Jean-François Fountaine, vice-président de la région Poitou-Charentes et vice-président de l'Association Hermione-La Fayette. Rappelant qu'il s'agit d'une région de constructions navales depuis des siècles, il considère qu'outre le dynamisme touristique qu'il ajoute à ce qui a déjà été amorcé par la Corderie royale, ce projet réunit tous les éléments identitaires régionaux à commencer par la possibilité de former des jeunes à des métiers manuels nobles comme le bois, le fer, la toile...
Et comme les Rochefortais sont bien résolus à continuer de tirer les fils qui relient l'histoire à l'avenir, leur maire, Bernard Grasset n'a pas hésité à lancer encore une nouvelle idée : pourquoi le Belem n'accompagnerait-il pas l'Hermione dans son voyage vers l'Amérique ?
 
 

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