« Les bons, les sûrs, les solides»… C’était comme cela que le commandant Randier, premier commandant du Belem depuis son retour en France, appelait les courageux bénévoles qui, sous sa conduite, son expertise et la remarquable gestion humaine de son équipe, ont grandement participé à la renaissance du Trois-mâts, tout le temps qu’il était amarré quai de Suffren à Paris.
Au moment où bien peu de gens le croyait possible, ils ont ainsi rapidement redonné confiance à la Fondation quant à son retour en mer.
Beaucoup de bénévoles y ont participé, mais quelques uns ont persisté fidèlement sur ce chantier réputé impossible durant plusieurs années. Le commandant Randier les appelait aussi « des amateurs qualifiés multifonctions ». Parmi eux, Jackie Sonnet et Roland Bosen-Milona partagent aujourd’hui leurs souvenirs.
« Sur le Belem, tout le monde m'appelait Monsieur la Soudure » raconte Jacky. « J’ai rencontré le Belem au début de l’année 1982 alors que je travaillais en tant que mécanicien monteur-soudeur sur la Tour Eiffel. De là-haut, la vue était imprenable sur la Seine et chaque jour, j’apercevais le Belem. Ma curiosité me poussa un jour à aller le voir d’un peu plus près. Très vite, je suis tombé amoureux de ce Trois-mâts et passais tout mon temps libre à le retaper en tant que bénévole. De par mon expérience professionnelle, les missions qui m’étaient confiées étaient très polyvalentes. Tout d’abord mécanicien dans la salle des machines et par la suite, je suis devenu aussi un grand connaisseur du circuit hydraulique du bateau ! Mon plus beau souvenir reste le jour où le Belem a retrouvé la mer. L’aboutissement d’une aventure incroyable ».
« Moi, je faisais le singe dans la mâture » explique Roland. « Je m’intéressais déjà beaucoup aux derniers grands voiliers, à leur histoire et à leurs manoeuvres. A l’époque j’enseignais à l’Institut National des Jeunes aveugles, j’étais donc tout près du quai de Suffren et quand j'ai su l'arrivée du Belem à Paris et que la Fondation recherchait des bénévoles pour le remettre en état, je me suis présenté. Mon histoire avec le Belem a duré du tout début (automne 81) à la fin de son premier voyage en mer en face des chantiers Dubigeon qui l'avaient vu naître ( été 86). A bord, j'ai commencé seul à fond de cale enfermé dans le coqueron arrière à piquer d'énormes couches de peinture ou à scier au chalumeau. Et puis un jour, le commandant descend enfin contrôler le travail "Monsieur, j’ai appris que vous grimpez en montagne, c’est bien vrai ?- [c'était vrai] -Vous sentez-vous capable de monter dans la mâture malgrès son mauvais état jusqu'au grand cacatois, la dernière vergue, tout au bout côté quai?" Je devins ainsi un des quelques autorisés à travailler dans la mâture.
Dans l’un de ses récits parut dans la Nouvelle Revue Maritime, le commandant Jean Randier rend un bel hommage aux bénévoles avec ces quelques mots : « …enfin, restèrent les bons, les sûrs, les solides, à qui purent être confiés des travaux de gréement et de mécanique. Ceux-là se reconnaîtront sans qu’on les nomme. Qu’ils soient remerciés par le capitaine de ce ponton de l’époque, dont le moral s’écroulait parfois en chute libre». Aujourd’hui, la Fondation Belem tient également à remercier tous ces bénévoles, le premier équipage grâce à qui le Trois-mâts Belem est redevenu ce qu'il était en continuant de naviguer à travers les mers et les océans.
Si vous êtes ou connaissez d’anciens bénévoles ayant participé au chantier de restauration du Belem à Paris, nous serions heureux, dans le cadre d’un travail archivistique, de pouvoir rentrer en contact avec eux. Merci de nous écrire à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.