La maison Crouan, son commanditaire, le met d’abord au service de la chocolaterie Menier sur la ligne du Brésil. En 1905, sa longue collaboration avec le chocolatier prend fin. Ce dernier décide d’acheminer son cacao par le Havre, plus proche de son usine de Noisiel. Cette décision provoque la liquidation de l’armement qui se voit privé de son fret habituel. Le Belem est alors vendu, en 1907, à l’écurie Demange. Cet armement exploite une ligne régulière vers la Guyane française pour approvisionner le bagne de Cayenne (ravitaillement pénitentiaire). Sur cette ligne « du bagne », l’installation d’une ligne régulière de vapeurs par la Compagnie générale met fin à l’exclusivité du contrat de la maison Demange et provoque sa liquidation judiciaire. Mais l’ensemble des besoins pénitenciers n’est pas satisfait et la nouvelle société des armateurs coloniaux rachète le Belem en 1909, pour enrichir sa flotte sur la ligne Nantes-Cayenne. En 1914 pourtant, elle jette à son tour l’éponge devant la suprématie des navires à propulsion mécanique.
De 1896 à 1914, le Belem effectue au total trente-trois campagnes commerciales. De brèves escales en terres nantaises, des traversées rapides : la carrière du Belem au commerce ne connaît aucune difficulté majeure. A l’exception d’un premier voyage désastreux – lequel s’est achevé au Para par un incendie qui a décimé l’ensemble du bétail embarqué à Montevideo - les rotations commerciales du Belem sont assurées avec une grande régularité. Un seul événement notable qui ralentit à peine le rythme de la 12ème campagne : le Belem échappe par miracle à l’éruption de la montagne Pelée, le 8 mai 1902.
Sinon à le peindre aux couleurs de leurs maisons respectives, ces différents propriétaires n’ont aucune raison d’effectuer des transformations majeures sur cet « antillais prêt à l’emploi ».
- Retrouvez le chapitre 3 "L'équipage au temps du commerce" dans la newsletter de mars 2016.