Il faut tenir le cap tout en gérant le vent, sa force, les nuages, manipuler la barre avec feeling, sans brutalité, en accompagnant le bateau. Parez ! Tiens bon ! Brassez ! Tiens Bon…Larguez tout ! Nous sommes à la manœuvre aussi souvent que le vent tourne. Nous nous adaptons à Eole.
Peu importe le quart, nous participons aux manœuvres. Peu importe la météo, nous sommes sur le pont, prêtes à manœuvrer dès le signal « Parez ? », « Parées ! » « Brassez ! ». Toutes sur le même rythme, scandant « 1,2 », lançant le corps en arrière pour être plus efficaces… la misaine, la grande voile, le grand cacatois sont hissés ! Et le Belem avance de plus en plus vite.
Nous, Gazelles, courageuses, dynamiques, intrépides, volontaires, toujours prêtes à l’action, sommes fières de contribuer à faire avancer ce majestueux Belem. Au gré des Vents plus ou moins forts, c’est un véritable défi que nous réalisons en équipe, grâce aux consignes des matelots gabiers et officiers.
Nous nous découvrons des ressources insoupçonnées malgré les décalages horaires dûs aux quarts. Moi, la grande dormeuse, à qui il faut 8 heures de sommeil d’affilées pour être en pleine forme ; eh bien c’est possible ici sur le Belem, grâce à l’enthousiasme et l’énergie de chacune et de l’équipage bienveillant ! La solidarité est de mise dans les petits moments de mou qui affectent les gazelles à tour de rôle. « Merci à toutes celles qui ont su me soutenir dans les épreuves quand j’en avais le plus besoin ! »
La veille au soir, petit bémol : le commandant a reçu un mail du comité d’organisation de la Tall Ships Regatta. La course dans cette étape (Sines-Las Palmas) est arrêtée sans que l’on en connaisse pour le moment la raison. Vaille que vaille, nous poursuivrons la nôtre ! Une course au rythme du Belem et à la VOILE, en harmonie avec les éléments de la mer ! Notre destination reste les Canaries. Qu’importe l’objectif, le plus enrichissant est ce chemin, cette route partagée tous ensemble… Naviguer pour le plaisir !
La journée redémarre tout en dynamisme avec une chorégraphie des balais improvisée. On prend plaisir à briquer (au balais brosse sur le Belem, pas de briques même si c’est l’origine de l’expression) le pont du spardeck avec entrain. Chloé, Morgane, Julie : toutes tournent autour des balais brosses : c’est la battle du matin ! Sur le passe-avant, idem pour Michèle, Maïté, Charline.
Soudain, le Belem surgit, vaisseau majestueux, toutes voiles dehors. A vivre dessus depuis une semaine occupées dans les manœuvres et focalisées sur cap et vitesse, on en avait presque oublié qu’on habitait dans un palais flottant. Cette prise de recul au sens littéral nous offre de nouvelles perspectives. Tableau magnifique, et opportunité de balade au ras de l’eau, accrochées au zodiac, en bottes et shorts, la mer se rapproche. L’océan serait à 20 degrés ! Grâce à la vitesse : sensations fortes ! Nous nous accrochons, nous rebondissons sur les vagues, les embruns nous aspergent le visage….Wouaouh ! Mathieu s’amuse de notre engouement et des cris de gazelles à chaque vague. Telles des paparazzis, on apprécie le Belem sous tous les angles. Une surprise pour chaque jour, nous nous sentons tellement privilégiées de ces attentions permanentes.
Nous sommes de retour juste à temps pour le traditionnel déjeuner dominical, encore meilleur que d’habitude… C’est dire. Gaël et Caroline ont exaucé nos vœux : gâteau au chocolat en dessert… Le manque se faisant sentir… Gazelle toujours mais pas de doute, on reste bien des filles ! On oublie les corps de sirène pour cet été, il va falloir poursuivre le sport assidument de retour à terre. Et encore. On a bien failli se régaler de thon frais, poursuivi par un banc ce matin pendant deux longues heures, au grand désespoir de Tintin, alias Sylvain, le chef mécanicien, dont toutes les manœuvres se révèlent vaines. Nous rivalisons d’idée pour attraper ces beaux poissons : longueur de lignes, canne à pêche, filet du hamac… rien n’y fait. Nous apercevons même un marlin de trois mètres de long… fait-il si bon plonger dans ces eaux profondes ?
Après-midi bain de soleil qu’une gazelle résume à « une vie de chat », interrompu par une partie de chasse aux trésors. La nuit sera reposante pour celles qui veulent, nous sommes libres. Les quarts sont levés car ce soir on met les moteurs pour nous rapprocher des Canaries, le vent étant volatile.
18h52. On capte avec Tanguy, le second capitaine, une fréquence en AM dans la timonerie qui diffuse des informations en français. Stupeur. La radio passe en langue arabe à 18h58. Nous courons chercher Laura. Vive le multiculturalisme et la diversité. Gazelles de tous horizons ! Le résultat du scrutin tombe…
La soirée se prolonge en conversations sur le pont, times up, musique… au clair de lune… La vie est belle. Encore quelques jours à en profiter…
Bonus du dimanche : dictons et blagues de marin !
Le marin est taquin et plein de superstitions… voici quelques dictons et blagues que nous avons pu entendre… à lire avec le sourire….
- Quand les goélands ont pied, il est temps de virer
- Qui regarde trop la météo, reste au bistrot
- Cuisinier sur la dunette, disette
- Ça sent la merguez (la pêche n’est pas bonne)
- Horizon pas net, reste à la buvette.