Le 28 Avril au soir, vous embarquez à bord de Belem pour y passer votre première nuit. Petit à petit vous découvrez ce navire d’époque riche en histoire et à l’atmosphère bien particulière. Le pont en teck, les bouts, les poulies, les vernis, ainsi que les lignes du navire vous rendent fier et compensent l’exiguïté de votre bannette. Le lendemain matin les volontaires ont préparé le petit déjeuner, le ciel est bleu, il fait bon, la journée commence en beauté. A 10h48 les moteurs démarrent. Quelques minutes plus tard le pilote embarque. Tout le monde est à bord, la coupée peut être remontée. A 11h00, le Commandant, perché sur le toit de la timonerie, donne l’ordre de dédoubler les aussières. Vous assistez alors à une splendide manœuvre d’appareillage ; Belem cule sur sa garde arrière pour écarter le nez puis le faux foc est hissé à contre afin de tirer parti des vents de Suroit. Le navire abât, s’éloigne du quai, évite les thoniers, et met cap sur l’avenir.
Quelques dizaines de minutes après avoir passé les jetées du port de Sète, les vibrations des moteurs de propulsion s’estompent et laissent place aux voiles. Les deux services de midi passés, vous êtes rapidement mis à contribution : il faut brasser, border, et hisser. Il faut aussi tenir bon, choquer, larguer en grand et tourner. Certains d’entre vous n’y comprennent rien, d’autres y comprennent presque quelque chose ! Bienvenue au temps des Antillais et des Cap-Horniers.
Après une explication théorique du Commandant sur le virement vent devant, vous avez la chance de mettre cette manœuvre en pratique avec le Second Capitaine. Plus tard, le quart du 20h00 à minuit se réunit à la dunette pour le briefing du Chef de tiers ; le vent a disparu, l’ambiance est décontractée, certains papotent ou regardent le coucher de soleil, d’autres y voient un créneau idéal pour un moment de pêche écoresponsable, bref tout le monde profite. Soudainement, le vent jusqu’alors SE, passe ENE et forcit graduellement. En quelques minutes les 4 Beauforts sont établis. Brassés en pointe tribord amure, Belem est obligé d’abattre. Nous filons droit sur une zone interdite à la navigation, il faut virer sans tarder. Les explications théoriques du virement Lof pour lof auront lieu plus tard, l’urgence est à la pratique. Le bosco vous place sur les bouts et vous brassez.
Le lendemain matin, après votre quart, ou bien au début de celui-ci, dépendamment de votre tiers, vous participez au poste de propreté. Certains s’échappent tandis que les plus travailleurs et certains déserteurs rappelés au poste de combat, frottent le pont et astiquent les cuivres. Vous avez bien mérité une récompense : l’opportunité de monter en haut des mâts ; pendant un instant vous êtes un gabier. Vous admirez le panorama et perdez votre regard dans la courbure de la terre.
L’après-midi continuera sous voiles au rythme des manœuvres, au gré du vent. Le jour d’après, bien que pourtant en pleine mer, vous êtes invité pendant un court instant à quitter le bord. C’est ainsi, et pour prendre vos plus beaux clichés que vous effectuez un transbordement de Belem à son annexe, par l’échelle de pilote. La manœuvre n’est pas dangereuse mais vous êtes attentifs.
La traversée se passe à merveille, des liens se lient avec les autres stagiaires et avec les membres d’équipage, vous profitez à fond de cette expérience unique et réalisez que vous naviguez dans les conditions optimales. En effet, le ciel est resté bleu, la brise est toujours bonne, et surtout nous sommes à la voile depuis le départ. Dans un sens comme dans l’autre, vous participez à la route de Belem.