Cordon Miller a une petite trentaine d'années et vit sur la côte est des États-Unis. Lorsqu’il a navigué à bord du Belem en août dernier, il venait de terminer sa carrière dans le corps des Marines des États-Unis. Il était sur le point de se reconvertir dans une carrière dans le conseil en gestion. Ce stage entre Glasgow et Belfast est son deuxième à bord. Sa première fois, c'était en 2018, de Gênes à Toulon. Pour cette seconde expérience, il a choisi de naviguer en famille pour partager son amour de la voile à bord d'un si beau navire. Il revient sur son aventure.
Comment connaissez-vous le Belem ?
Il y a plus de dix ans, j'ai brièvement travaillé comme matelot à bord d'une petite goélette à voiles carrées, la Schooner Sultana de Chestertown, dans le Maryland aux Etats-Unis. Depuis, j'ai navigué sur des petites embarcations et avec d'autres grands voiliers, lorsque j'en avais le temps et l'occasion. J'aimerais pouvoir vous dire que j'ai appris l'existence du Belem par un vieux marin breton que j'ai rencontré sur un quai quelque part et qui m'a parlé du Belem, mais c'est plutôt une histoire de technologie. J'ai découvert le Belem sur internet par le biais de Sail Training International. J'ai tout de suite été attiré par sa beauté et son histoire.
Qu'est-ce qui vous a donné envie d’embarquer ?
M première fois à bord du Belem, j'étais sur le point de travailler dans un désert. Je voulais m'imprégner de mer avant l'exil forcé. La fondation Belem proposait un stage Italie/Sud de la France : il était fait pour moi qui rêvais aussi de gastronomie, plage et bons vins et pourrais perfectionner mon français.
La seconde fois, cet été, je cherchais un stage pour clôturer une phase importante de ma vie avant d'en commencer une autre, une célébration en quelque sorte. Le voyage entre l'Écosse et l'Irlande tombait à pic. J'aime autant la voile que la musique. Je joue de trois types différents de cornemuses - la Great Highland Bagpipe (écossaise), les smallpipes écossaises et les uilleann pipes (irlandaises) - Je connaissais l'Ecosse pour des représentations mais pas encore l'Irlande. Ce voyage me semblait être l'occasion idéale de découvrir les îles qui relient ces grandes nations celtiques. Ce que je ne savais pas avant d'être à bord du Belem, c'est qu'un certain nombre de mes compagnons de stage était originaire de Bretagne et pouvait également partager des histoires et des traditions d'une autre grande culture celtique en France - ce qui a certainement enrichi l'expérience.
Parlez-nous de votre navigation de Glasgow à Belfast ?
Les paysages terrestres et marins des Hébrides intérieures étaient époustouflants. Qu'il s'agisse des montagnes couvertes de mousse sur l'île de Jura et l'île de Mull ou de l'étendue stupéfiante de la mer des Hébrides, il y avait une beauté rude et simple tout autour de nous et du bateau. Ensuite, tous mes compagnons de stage ont été accueillants (et ont pardonné mon manque de connaissance de la langue française). J'ai passé de nombreuses heures à discuter. J'ai appris un grand nombre de choses, partagé de nombreuses histoires. Enfin, la navigation elle-même était merveilleuse. Je me souviens particulièrement d'un jour à la barre par vent apparent de 27 nœuds. Rien de tel qu'un bon coup de vent avec beaucoup de voile et peu de gîte sur un beau bateau.
Quel sera votre plus beau souvenir de cette navigation ?
Vers la fin du voyage, avant de traverser le canal du Nord vers Belfast, nous avons jeté l'ancre près de Port Ellen sur l'île d'Islay. Je n'oublierai pas de sitôt ma nuit à terre, dans cette célèbre petite ville au pub avec mes nouveaux amis, à écouter de la musique traditionnelle et à boire le whisky produit localement (mais mondialement connu).
Existe-t-il des grands voiliers comme le Belem qui proposent ce type de séjour aux Etats-Unis ?
Oui et non. Certains grands voiliers aux Etats-Unis proposent des embarquements (Sultana, Niagra, Hawaiian Chieftain / Lady Washington, Charles W. Morgan, etc.), mais l'objectif, la durée et les âges peuvent être différents ( courts séjours en Europe). Par exemple, le navire à bord duquel j'ai embarqué propose des sorties journée et des voyages plus longs (1 à 2 semaines) pour les enfants en été, qui découvrent l'histoire et l' écologie. D'autres navires, peuvent vous demander d'être bénévole ou membre donateur pour pouvoir naviguer (comme 'Hermione). Ce sont toujours des formidables expériences à condition d'en avoir le temps.
Et enfin, reviendrez-vous à bord ?
Oui si j' en ai le temps et que je trouve le bon voyage au bon moment, j'aimerais beaucoup rejoindre le Belem à nouveau !