Mercredi 03 octobre, bienvenu en Normandie. Honfleur, vous accueille avec son grand soleil pour une soirée et une première nuit à quai sur Le Belem. Après avoir traversé la Manche et écumé le Solent d’Ouest en Est, le Belem est là amarrée quai de la jetée Est, et n’attend plus que vous pour appareiller pour la mythique rade de Brest.
Mardi 05 octobre, 04h45, le pont du trois-mâts est en branle, les moteurs sont en chauffe, les plateformes de manœuvres parées et l’équipage n’attend plus que le pilote et l’équipe de lamanage pour larguer les aussières. 05h00, appareillage dans la nuit du petit matin, une heure de chenalage nous attend pour quitter l’estuaire de la Seine. 08h00, le soleil fini par pointer le bout de son nez pour disparaître aussitôt derrière la couverture nuageuse. Sur une mer belle, poussé par un vent du Sud-Ouest de force 5, nous établissons la voilure. D’abord le faux foc, grand foc et foc d’artimon, suivies des voiles carrées du phare de misaine et du grand mât. Le ciel est couvert, mais la visibilité est bonne. Une journée de voile vers la pointe du Cotentin, nous filons à 8 nœuds sur le fond en fin de soirée.
Mercredi 05 octobre, nous sommes au cœur de la nuit et nous traversons la manche entre les deux rails, celui du Pas-de-Calais et celui des Casquets. Le trafic maritime est dense, mais la promesse d’un abri du coup de vent à venir le long des côtes anglaises nous pousse à franchir ce grand axe marchand de notre temps. 01h00, le vent fraîchit pour atteindre force 7, il est temps pour le zérac (quart de minuit à 4h) de carguer une partie de la voilure. 02h00, cacatois et perroquets sont cargués et serrés, nous filons bon train en route au Nord-Ouest. La mer s’agite et le vent ne mollit pas pendant la nuit. Le roulis berce fort les marins et le sommeil dans les bannettes est difficile à trouver. 08h00, nous jetons l’ancre, 3 maillons bâbord en baie de Weymouth, enfin, nous sommes à l’abri du gros coup de vent attendu en Manche dans la journée avec 35 nœuds établis sur une mer agitée à forte. Malgré le vent, l’entretien du navire n’attend pas et c’est dans la joie et la bonne humeur que les cuivres sont lustrés et le pont briqué. 09h00, après le briefing du commandant vient l’heure du grand frisson avec au programme des ascensions mâture bout dedans, l’ancre bien prise dans la glaise anglaise par force 5. 21h00, après la conférence sur l’historique du bateau et un bon dîner, nous hissons l’ancre et quittons notre mouillage pour reprendre notre route. Le ciel est dégagé, la lune claire nous offre un spectacle saisissant sur la Manche agitée.
Jeudi 06 octobre, 08h00 ; nous traversons la manche du Nord au Sud, cap sur la côte bretonne, mer peu agitée, les chiffons et les brosses sont de mise pour le quart du 08-12. Après l’entretien du navire, atelier matelotage sous la gouverne du Maître d’équipage. Au programme, nœud de cabestan, nœud de chaise, nœud de huit, épissures et bosses. Avec le beau temps, la mer passe de peu agitée à belle, nous longeons la côte des légendes dans les filets du mât de beaupré.
Vendredi 07 octobre, nous arrivons au matin, par le travers du Four, à l’entrée du chenal qui porte son nom, les dangers y sont nombreux et les courants très forts. Nombreux sont les naufragés qui ont contribué au mythe de cette passe de l’Iroise. La concentration est de mise. Nous passons par le travers du goulet de Brest et prolongeons le plaisir d’être ensemble jusqu’au cap de la chèvre où il nous faut faire demi-tour vers la pointe du Toulinguet en route pour Brest. Après avoir passé la basse des fillettes, nous prenons le pilote en rade qui nous emmène à bon port derrière l’Abeille Bourbon.
Contre mauvaise fortune bon cœur, les régulations sanitaires en vigueurs ne nous permettent pas de nous étreindre chaleureusement, mais les regards sont profonds et chargés d’émotions au moment de se dire au revoir. Nous avons été heureux de parcourir tous ces milles nautiques. Merci pour votre bonne humeur et bon vent !
A bientôt en mer ou à terre sur le Belem !
Votre capitaine, le commandant Aymeric Gibet