Lundi 07 novembre 2022, le départ de la renommée route du rhum est reporté, mais pas celui du dernier des Antillais. Ces fameux trois mâts dont la quille fut posée dans le seul but d’effectuer un pont commercial transatlantique.
Bienvenue sur les ponts du Belem, il est 21h et vous êtes accueilli par le second Capitaine Philippe, bras droit du Commandant Gibet. Une première nuit au calme bassin Vauban, on entend le vent souffler dans les haubans, mais bien à l’abri des remparts de la ville close.
Mardi 08 novembre 2022, il est 08h00, et le pont est en effervescence pour préparer l’appareillage. 08h30, le pilote est à bord, le ronronnement des moteurs se joint au chant des ordres donnés à l’UHF. 08h45, nous sommes claires des aussières et évitons dans le bassin Vauban, un dernier salut à intramuros et nous filons à travers les roches malouines. Une fois passé la cardinale du vieux banc, nous faisons route vers le cap Fréhel dans une mer encore peu agitée et sous un soleil éclatant. Aussitôt nos voiles d’étais établis dans une forte houle d’ouest nous les halons bas, la mer et forte et le vent souffle à 6 beauforts occasionnellement 7 en rafale. Hauts les cœurs, mais vides sont les estomacs malgré un copieux repas. La nuit est rude sur le Belem où les conditions de mer exceptionnelles mettent notre sommeil et notre oreille interne à rude épreuve. Les phares défilent sur notre bâbord, nous passons au sud des Triagoz et à l’Ouest des sept îles pour essayer un peu de calme dans cette mer agitée à forte.
Mercredi 09 novembre 2022, quel spectacle au réveil du deuxième jour, le Four, molène, et Ouessant, Saint-Mathieu et Kermorvan. Protégé par ces nombreux hauts-fonds, la mer se calme mais le répit n’est que de courte que durée car bientôt la houle nous frappe par le travers dans la mer d’Iroise. Déjà, le raz de sein se dessine sur l’horizon avec comme dit le dicton « le chat qui protège la vieille du rat ». Les couleurs sont splendides et le spectacle nous laisse bouche bée devant les brisants. Cap au sud, la mer est agitée et le train de houle bien formé, mais nous nous réconcilions avec le plaisir de la navigation à la voile ! On établit tout dessus et filons au large de Penmac’h. C’est le calme après la tempête, la nuit est calme et paisible sous le clair de lune. La navigation est parsemée de lof et d’abatée pour éviter deçà et là les nombreux pêcheurs bretons.
Jeudi 10 novembre 2022, par une bonne brise du sud, nous parcourrons les milles nautiques, le soleil est au rendez-vous. Au petit matin, c’est l’île de beauté qui se dévoile à nos yeux. Au large de Belle-île, c’est l’heure du grand frisson avec l’ascension mâture sur le grand mât. Nous passons au nord des poulains, et laissons Le Palais et Sauzon derrière nous pour embouquer le passage de la Teignouse direction la Baie de Quiberon. Il est bien loin le temps de la tempête et des mers agitées. Nous jetons l’ancre devant le Croisic pour un moment de convivialité bien mérité. La pause n’est que de courte durée, car à 04h 00, la pioche est dérapée et nous faisons route vers l’embouchure de la Loire pour prendre notre pilote.C’est dans la purée de pois que nous remontons le deuxième fleuve français. L’émotion est présente, car l’Antillais, il y a 126 ans, remontait déjà ce cours d’eau. La corne de brume rythme chaque milles, et enfin, nous apercevons l’île de Nantes. C’est l’heure des au revoir, contre mauvaise fortune bon cœur, nous avons été heureux de parcourir avec vous tous ces milles nautiques. Merci pour votre bonne humeur à l’épreuve des mers agitées et votre enthousiasme de chaque instant.
Bon vent à tous, à bientôt en mer ou à terre sur le Belem !
Votre capitaine, le commandant Aymeric Gibet