Le contre-amiral Benoît Lugan représente le ministère de la Défense au sein du conseil d’administration de la fondation Belem depuis l’automne 2014. Il dirige depuis l’été 2015 l’Ecole navale, grande école militaire installée à Lanvéoc Poulmic au Sud de la rade de Brest, qui forme les cadres de la Marine nationale.
Vous avez récemment embarqué à bord du trois-mâts « Belem », racontez-nous votre expérience ?
J’avais déjà eu l’occasion d’embarquer à bord de Belem, mais il me semblait important de renouveler l’expérience avec l’ « œil » de l’administrateur. Grâce à un bel anticyclone solidement installé, ce furent quatre journées formidables de navigation utile à la voile, car pour un trois-mâts barque, aller de Brest à Lorient par vent établi de Nord-Est, nécessite de serrer le vent au maximum en faisant « marcher » le navire.
Entre marins permanents et navigants occasionnels, l’esprit d’équipage est rapidement établi, joyeux et fructueux. Les uns enseignent et témoignent, les autres participent et apprennent, chacun met la main sur les « bouts », tous sentent et aiment le navire.
Avec l’équipage, j’ai pu échanger sur l’entretien, les difficultés à résoudre, le programme futur, tous sujets qui ont un autre sens « sur le motif ».
Transition avec la présence à bord du peintre de la marine François Legrand, qui nous a enchantés de ses coups de pinceaux précis et lumineux. Il prépare avec d’autres le livre qui célébrera les 120 ans de Belem.
Vous avez été nommé commandant de l’Ecole navale, quel évènement commun pourrait réunir l’école et Belem ?
Former des officiers de marine, c’est former des cadres militaires et scientifiques, et marins. Nous attachons dans notre projet pédagogique une grande importance à la pratique de la voile, socle de l’éducation maritime. Nous avons la chance de disposer en propre d’une flotte importante de voiliers, classiques comme les goélettes « Belle Poule » et « Etoile », les yawls « Grande Hermine » et « Mutin », ou de nombreux croiseurs modernes, et des voiliers légers de type J80.
Chaque année, l’école organise lors du week-end de l’Ascension[1] le Grand Prix de l’Ecole navale, un rendez-vous reconnu de la régate internationale qui rassemble plus de 200 équipages et compte au championnat de France annuel. Cette épreuve est la vitrine sportive de notre formation au sens marin. Il sera présent en rade de Brest lors de cette épreuve, véritable témoin du caractère pédagogique irremplaçable de la « bouline »[2]. Et le Belem initie chaque année les mousses de la marine nationale.
Quelle place tient aujourd’hui le trois-mâts Belem dans le patrimoine maritime français ?
Une place majeure et singulière : il est le dernier témoin, vivant, et bien vivant car il navigue à longueur de saison et sur toutes les mers, de ce que fut la navigation commerciale à la voile. Seul navire école français civil à la voile, il permet de former de nombreux navigants aux conditions réelles de cette activité. Grâce au mécénat des Caisses d’Epargne, fidèles depuis 30 ans, il est l’ambassadeur d’un art unique du travail en mer.
[1]4 au 8 mai 2016 pour la prochaine édition.
[2]Dans l’argot de l’école, la voile, du nom ancien d’une écoute.