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Yannick Simon, entre marine d'hier et d'aujourd'hui

jeudi, 03 décembre 2009 01:00
Passer une partie de l'année sur le Belem et l'autre dans des compétitions de voile au plus niveau, c'est se confronter à deux expériences riches en contrastes. Mais pour Yannick Simon, d'abord lieutenant puis Second capitaine à bord du Belem, ce télescopage dans le temps comme dans l'action n'a rien de contradictoire, au contraire : il s'agit de deux facettes d'une même passion, celle de la mer, de la voile, du défi.
 
Lorsque vous avez rejoint le Belem en février 2008, vous aviez déjà à votre actif un double parcours, de marin professionnel et de sportif de haut niveau. Quelles en sont les grandes étapes ?
Né à Rennes, j'ai vécu et fait mes études à Saint Malo à partir de 16 ans. Dès l'époque du lycée je participais à des régates de voile. Depuis ma sortie de l'Hydro (Ecole de la Marine Marchande) de Saint Malo à 20 ans, cela fait 14 ans que je navigue « à mi-temps », que ce soit sur des porte-containers, des ravitailleurs de plateforme pétrolière ou encore sur des navires de croisière – j'ai travaillé 8 ans sur le Ponant notamment. Parallèlement, j'ai eu et je continue d'avoir, un parcours sportif en France et à l'étranger : je fais partie depuis 2000 de l'Equipe de France de Voile, en match racing. C'est le principe de la course « un contre un », celui que tout le monde connaît avec la Coupe de l'America. Cela se passe sur différents types de bateau mais en ce qui me concerne il s'agit en général de voiliers de 10/14m avec un équipage de 5 personnes. Depuis dix saisons que je participe, c'est toujours avec la même équipe.
 
Comment le Belem vient-il s'inscrire dans ce parcours ?
Le Belem, cela fait des années que je le voyais régulièrement lors de ses escales à Saint Malo. J'aurais voulu naviguer à son bord mais je ne réussissais jamais à synchroniser mes plannings avec ses périodes de navigation. Puis la Fédération française de Voile a proposé à ses coureurs de financer des formations à mi-temps. J'ai soumis mon projet de formation à la Fondation Belem, qui l'a accepté. J'ai donc embarqué en 2008 comme lieutenant et en 2009 comme second capitaine, à chaque fois pour des périodes de 4 mois.
Et vous voilà, l'homme des courses de vitesse, à bord d'un trois-mâts plus que centenaire...
 
Comment avez-vous vécu ce contraste ?
En réalité, le Belem a beaucoup plus de points communs avec les bateaux de course qu'on ne le croit au premier abord ! Comme eux, il a été construit pour la vitesse, pour la performance – il lui fallait traverser l'Atlantique le plus vite possible face à la concurrence... C'est pourquoi ce fut un navire pour lequel on a élaboré des innovations techniques, où les marins réfléchissaient toujours à l'amélioration de la manœuvre. Regardez son gréement : c'est un bel engrenage, un vrai condensé d'astuces.
Puis, à un siècle d'écart, j'ai trouvé des points communs entre le Belem et le Ponant : ce sont des trois-mâts, des transatlantiques, à vocation commerciale, ayant Nantes comme port d'attache. La comparaison s'arrête là, quand même : l'un transporte des passagers, l'autre des stagiaires.  J'ai vécu là deux métiers très différents. J'ai appris des choses qui sont uniques au Belem. Grâce à l'équipage, que je remercie, j'ai appris le maniement du navire, le gréement, la matelotage. J'ai eu aussi beaucoup de plaisir à rencontrer les stagiaires. C'est sans doute ce qui m'a le plus marqué : le nombre de personnes avec lesquelles j'ai gardé le contact. On se construit des amitiés  en partageant des expériences qu'on est les seuls à connaître.
 
A vos yeux, qu'apporte le Belem aujourd'hui à la vie maritime française ? Et, par la même occasion, que devrait-il faire de plus, à votre avis ?
La Fondation Belem s'est vu confier une tâche particulière et très importante, qui est de faire vivre et perdurer un tel monument historique, de le maintenir en état de navigabilité : beaucoup de gens sont impliqués dans la vie de ce bateau. Il est bien entretenu par un équipage compétent et passionné. Et il bénéficie du soutien d'un mécène fidèle, la Caisse d'Epargne, à qui la poursuite de cette aventure doit beaucoup.
S'il n'était plus là, jamais nos enfants ne connaîtraient un vrai trois-mâts barque traditionnel. Pour les marins que nous sommes, c'est l'occasion dans une carrière de s'imprégner de la façon dont vivaient et naviguaient nos ancêtres.
Ce que j'aimerais, si c'était financièrement possible, serait de voir le Belem faire davantage de grands périples, en accord avec sa vocation première. J'ai particulièrement apprécié de pouvoir participer à la traversée vers le Québec, avec des moments inoubliables.
 
Mais, dans l'immédiat, ce n'est pas le Québec qui vous attend...
Non, là je pars pour l'Australie, rejoindre mon équipe pour une semaine d'entraînement avant la finale des Championnats du Monde de match racing qui se déroule en Malaisie, début décembre. Ensuite je rejoindrai ma famille près de Saint Malo pour la naissance de notre troisième enfant...
 
Bref, ce ne sont pas les défis qui manquent à Yannick Simon ! En tout cas, celui qui consiste à tirer le lien entre marine d'hier et d'aujourd'hui, voire de demain, semble bien avoir été relevé avec un succès incontestable...
 

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