Une escale inhabituelle pour le Belem. Tórshavn, les îles Féroé et leur météo moins clémente que sous nos latitudes en été : nous nous voyons contraints de retarder de quelques heures notre grand départ, dans l’attente de conditions plus favorables. Nous passons la journée du 9 août à quai, mais ce temps n’est pas perdu : instruction Abandon du navire, ronde des cabillots approfondie, c’est également une belle occasion pour s’initier au maniement des cartes marines.
Le lendemain, le vent est prévu à tomber momentanément en début d’après-midi. Nous en profitons pour rapidement larguer les amarres et, aidés de deux remorqueurs portuaires, retrouver notre liberté. Un long voyage nous attend : 560 milles nous séparent de notre destination. Alors, c’est au moteur et sous voiles d’étai que nous filons à grande vitesse direction la mer des Hébrides, afin de ne pas nous attarder dans une mer forte et de rapidement profiter d’eaux plus calmes à l’abri des îles écossaises.
Au matin du 11 août, le vent a molli, la houle se calme, une petite pluie nous accompagne encore pour quelques heures, mais n’empêche pas nos gabiers de dérabanter toutes les voiles carrées pour, en début d’après-midi, établir les deux phares carrés jusqu’aux cacatois. Nous poursuivons notre route, cap au Sud, tout dessus. Le vent est tombé à 3 Beauforts, mais nous pouvons tout de même stopper un moteur et profiter de ces conditions pour grimper dans la mâture. Nous continuons ainsi toute la nuit, et tout est cargué en milieu de matinée pour passer la journée au mouillage devant Stornoway. Les deux semi-rigides du bord sont mis à l’eau pour débarquer quelques heures les explorateurs avertis puis, notre escapade terminée, nous relevons l’ancre avant le premier service du soir. Nous continuons tranquillement notre descente de la mer des Hébrides, le vent est faible et la mer est belle, des conditions paisibles pour admirer le paysage.
Samedi 13 août, nous approchons du Sound of Mull : un détroit au Nord de l’île de Mull, dont la largeur n’excède pas deux milles par endroit. C’est une belle opportunité pour notre habituel « Photo Tour » dans le semi-rigide : les voiles sont établies, les moteurs stoppés et nous avançons tranquillement sous les objectifs de vos appareils photo. Nous gardons nos voiles jusqu’au petit matin. Nous apercevons à présent l’Irlande sur notre avant tribord. Nous voilà bientôt dans le North Channel, qui sépare l’Irlande du Nord de l’Écosse : les deux pays sont proches, 11 milles seulement les séparent, et nous profitons de la variété de monts et reliefs qui ponctuent notre horizon. Les voiles carrées sont renvoyées en fin de journée et c’est moteurs stoppés, brassé en pointe tribord amure que le Belem poursuit sa route vers l’embouchure de la River Clyde ; nous approchons de Glasgow.
Les moteurs sont relancés en début de matinée. Nous sommes déjà le 15 août, toutes les voiles sont carguées et nous embouquons sereinement le chenal d’accès à la rivière au détour de Little Cumbrae Island, cap au Nord. Le pilote embarque à 13h00 à Kempock Point, il nous accompagnera pour deux heures de chenalage en rivière, cap à l’Est vers le port de Glasgow. Nous évitons dans le bassin King George V Dock à 15h30, pour terminer notre manœuvre d’accostage trente minutes plus tard.
Merci à tous pour ces quelques jours de partage, à bientôt pour de nouvelles aventures à bord du Belem.
Commandant Mathieu Combot, capitaine du trois-mâts Belem.