"Mardi 2 août, il est 10h00 quand nous appareillons de Bergen, la météo ensoleillée de la veille a laissé place à un ciel bas, chargé de bruine. Nous empruntons les fjords, vers le sud. Un coup de vent annoncé au large nous pousse à rester abrités durant la journée et à prendre le temps d’admirer la côte qui se dessine à travers les averses. En fin de journée, la météo s’annonce plus favorable et nous quittons la Norvège. Nous établissons de la toile, fixes, volants, basses voiles, voiles d’axes et bientôt les perroquets. Le vent de secteur sud nous permet de tenir une route Ouest, nous devons faire un maximum de distance chaque jour pour rejoindre les Iles Shetland le 5 août au matin. Le lendemain, la mer est belle, nous établissons les cacatois, les distances moyennes parcourues durant chaque quart sont très correctes, la mer reste un peu agitée et nous restons dans le sillage de la dépression pour conserver de « l’air ». Le soir, un front nous contraint de monter plus au nord, nous carguons les cacatois et virons de bord lof pour lof. Au matin du jeudi, le vent tombe doucement, nous en profitons pour mettre à l’eau un zodiac et permettre aux stagiaires d’admirer le Belem sous voiles au large. Après avoir photographié le navire, des ascensions dans la mâture sont organisées, pour permettre aux plus téméraires de grimper dans le gréement et de découvrir un autre angle de vue sur le bateau. La houle résiduelle se calme peu à peu et en début d’après-midi, le vent ayant viré Ouest, nous sommes contraints de carguer et de lancer les moteurs.

Vendredi matin, les iles Shetland se dessinent enfin à l’horizon, les impressionnantes falaises percent à travers les nuages, nous rejoignons Lerwick et accostons à 9H00. Le Belem a effectué près de 250 milles nautiques et tout le monde va pouvoir profiter de cette escale qui doit durer jusqu’au soir. A 22h00, alors que la température chute, nous appareillons en direction des Iles Féroé. Le vent de secteur nord-ouest et la mer toujours formée, nous conduisent à de nouveau gagner un maximum de distance au moteur dans la nuit. Au matin du samedi, le vent virant plus sud, nous établissons nos voiles carrées et continuons les ascensions dans la mâture. Des grains se dessinent au radar et nous tâchons de trouver la route qui convient pour en éviter un maximum. En fin de journée quelques rorquals, que nous observons souffler au loin, viennent nous saluer ; nous carguons les voiles.

Le matin du dimanche, ce sont enfin les îles Féroé bien méritées que l’on aperçoit, le soleil nous a rejoint, et de grand rorquals viennent accueillir le navire, des fulmars, oiseaux du large, longent le bord et planent entre les vagues. L’archipel des Féroé se dévoile petit à petit tout au long de la journée, bientôt, c’est le port Torshavn qui nous accueille, nous sommes par 62 degrés de latitude Nord, et dehors c’est beau..."

Commandant Mathieu Combot, capitaine du trois-mâts Belem