Le Belem appareille le mardi 13 septembre à 14h. Partant du bassin de Paris, une fois clairs du sas Amiral Rolland puis du Pont Colbert, nous traversons l'étroit avant port de Dieppe pour rapidement passer les jetées et rejoindre la mer. Bien que notre destination se situe dans l'Est, nous faisons tout d'abord route dans la direction opposée afin de profiter d'une brise d'Est. Rapidement, nous établissons toutes les voiles carrées et deux étages de voiles d'étai; les moteurs sont stoppés et nous longeons les côtes de la Normandie à bonne allure jusqu'à hauteur d'Etretat et ses superbes falaises. La décision est prise de remonter vers le Nord afin d'éviter la zone de pilotage obligatoire du port d'Antifer, grand port pétrolier du pays de Caux. Cap au Nord-Ouest, le vent a fraîchi. Les perroquets et cacatois sont cargués, serrés dans la foulée et nous restons à ce cap pour la nuit ; à viser le sud de l'île de Wight, portés par les forts courants de la Manche à cette époque et attentifs au trafic maritime.
Mercredi 14, le vent mollit et vire au Nord. Souhaitant faire route à l'Est nous manœuvrons, lof pour lof, et continuons bâbord amure en pointe aidés du moteur bâbord pour assurer un minimum de vitesse jusqu'au début de soirée où, cacatois et perroquets établis, nous pouvons de nouveau stopper les machines et profiter du vent. Nous passons la pointe Sainte-Catherine, sud de Wight, en fin de soirée et nous préparons à retraverser les voies de trafic maritime pour rejoindre à nouveau les côtes françaises en direction de la Côte d'Opale. Le temps est gris, mais le soleil perce et les conditions favorables à la mise à l'eau de notre semi-rigide permettent de profiter d'un moment de calme pour admirer notre magnifique trois-mâts sous tous les angles. Les plus chanceux se souviennent d'un double arc-en-ciel entier, qui nous aura émerveillé quelques instants.
Nous sommes jeudi 15 et notre aventure touche à sa fin ; arrive le moment de s'inquiéter de notre rendez-vous avec le pilotage calaisien. Nous approchons d'une zone de navigation plus complexe - en tout cas moins libre : le DST du Pas-de-Calais, dispositif de séparation de trafic qui s'étend de Fécamp à la frontière belge. S'il est possible de naviguer en dehors de ce dispositif à la voile, les côtes françaises et anglaises se font plus proches et nous sommes contraints de nous plier aux règles et de rejoindre ces voies de circulation, nous mêlant au trafic dense et continu des cargos du monde entier. Ainsi, à 22 h, nous carguons toutes les voiles carrées, halons-bas nos focs et voiles d'étai. Un moteur est relancé et nous nous dirigeons vers la voie de circulation montante que nous rejoindrons vers 5h du matin, au large de Boulogne-sur-Mer. Les dernières heures sont dédiées à la visite du salon du commandant, alors que l'équipage prépare le navire pour l'arrivée à quai. À 15h, nous nous positionnons pour embarquer notre pilote ; qui nous guide à présent vers l'entrée du port de Calais. Nous traversons l'écluse Carnot sans nous y arrêter, pour nous amarrer Quai Fournier, bassin Carnot, à 16h20 le vendredi 16 septembre.
Merci à tous pour votre enthousiasme, à bientôt sur les ponts de Belem,
Votre capitaine, commandant Mathieu Combot