Nous appareillons de Leixoes ce mercredi 5 Juin avec à notre bord 17 stagiaires, et comme plan de navigation une remontée des côtes Portugaises puis Galiciennes, avant d’arrondir à l’Est une fois le cap Finisterre passé. Le temps est calme et la couverture nuageuse se mêle au ronronnement des moteurs alors que nous empruntons le chenal de sortie de Leixoes, à contre-courant des nombreux navires de pêche, qui rentrent au port les cales pleines.
Les prévisions météorologiques nous préviennent qu’un fort coup de vent de Nord-Nord Est va s’installer pour quelques jours autour du Cap Finisterre. Ainsi nous décissons de passer au plus vite cette zone aux moteurs, pour faire ensuite servir sous voiles au large des côtes Nord Espagnoles.
Nous profitons de ces premiers quarts au moteur pour apprendre à nos stagiaires à se positionner sur une carte marine, tandis que nos matelot(e)s gabier(e)s les instruisent sur les manœuvres du gréement, et les termes utilisés pour les mener à bien.
Les premiers quarts de nuit laissent entrevoir quelques timides étoiles, dont l’éclat fixe se distingue de celui, périodique, du phare du cap Finisterre qui nous salut de loin alors que nous nous engageons dans la voie montante du dispositif de séparation du trafic.
Le lendemain, alors que nous mettons le cap au Nord-Est, le vent fraîchit 6 à 7 Beaufort et la mer se creuse. Nous avons passé la latitude du Nord de l’Espagne et évité le plus gros du coup de vent, dont nous sommes à la périphérie. Nous continuons au Nord-Est, et finissons par rencontrer une mer plus agréable. Lorsque nous estimons que nous avons suffisamment d’eau à courir pour mettre sous voile, nous faisons porter nos phares carrés sous une bonne brise d’Est-Nord Est, et filons les moteurs enfin silencieux au près à plus de 6 nœuds.
Le navire est parfaitement équilibré, nos stagiaires n’ont presque pas à mettre de barre, et ils découvrent alors les sensations fabuleuses de Belem gîté qui file sans dériver en direction du Cabo Peñas. L’état de la mer le permettant, ils s’aventurent également dans le mât de Beauprés, contemplant à travers le filet, l’étrave qui rencontre l’eau du golfe de Gascogne, pour la première fois depuis bientôt un an. Les dauphins paraissent également ravis de nous retrouver, redoublants de sauts et venus en nombre nous saluer.
Nous effectuons un premier virement lof pour lof, le vent ne nous ayant pas permis de passer Gijón, et repartons cette fois Tribord amures pour quelques heures, afin de se positionner pour la bascule de vent au Nord que nous promettent les prévisions météo.
Un deuxième virement lof pour lof, de nuit cette fois, et nous revoilà, avec une route meilleure, au près bâbord amures. Nous hissons les perroquets et Cacatois de Belem alors que le vent mollit, et c’est ainsi paré de toutes ses voiles carrées établies que nous voyons cette navigation prendre fin. La côte espagnole apparaît, dévoilée tardivement par la bruine qui nous accompagne, et finit par laisser apercevoir l’entrée de la baie de Santander, dont la nature encore sauvage ne laisse pas à penser qu’une ville y niche.
L’heure est venue pour nos stagiaires de nous quitter. Nous les saluons une dernière fois sur le quai, avant de les laisser partir se raconter leurs anecdotes dans les troqués en partageant des tapas.
Votre commandant, Mathieu Combot