Sous les conseils du pilote du port, le Belem appareille ce 17 septembre à 10h du quai de France à Cherbourg. Une fois sortie de la grande rade, et le pilote débarqué, nous faisons cap vers le NW, le vent souffle du NE pour 5 Beaufort et la mer est peu agitée. Dès 11h, les matelots gabiers commencent la ronde des cabillots ; ils expliquent aux stagiaires le vocabulaire d’un trois-mâts barque tel que le Belem ainsi que les bons gestes à avoir à bord et lors des manœuvres. Les voiles sont envoyées en début d’après-midi, à 14h, le Belem stoppe ses moteurs et navigue sous huniers fixes et volants, basses voiles et un étage de voile d’étai en direction des côtes anglaises. En milieu d’après-midi, le vent fraîchit, la grand-voile est carguée, le ciel est toujours dégagé, le rail des cargos ( DST ) est passé et la côte anglaise se dessine. À 20h, le premier quart de nuit commence, un virement lof pour lof sera effectué vers 23h afin de ne pas s’échouer sur les côtes britanniques. En ces jours de grande marée, la lune est pleine et éclaire le pont comme en plein jour. Le Belem ne peut, malgré nos efforts, remonter vers l’est à cause du vent qui souffle toujours du NE, les voiles sont donc carguées à 04h et les moteurs démarrés. À partir de cette heure-là, nous naviguerons en direction de l’Île de Wight au gré des courants de marée.
Mercredi 18 septembre, la matinée se passe au moteur afin de rejoindre la pointe est de l’île de Wight, qui est atteinte vers 15h. Les voiles sont ensuite établies, fixe, volants et basses voiles, le Belem longe tout le sud de l’île, tribord amure jusqu’aux Needles et son phare, en passant par la pointe Sainte Catherine, une vue imprenable sur les falaises de craie blanche. À 21h, il est temps de repartir vers les côtes françaises, nous virons lof pour lof, afin que le Belem puisse pointer son étrave vers le sud-sud-est. Nous passons la nuit à traverser la Manche, poussés vers l’est puis l’ouest par le courant, à travers le rail des cargos descendant puis montant.
Jeudi 19 septembre, nous voilà revenus quasiment à notre point de départ, en effet, le Belem navigue au large de Cherbourg. Les coefficients de marée sont si fort qu’il est impossible de passer le cap de la Hague à contre-courant, le Belem attend donc à l’entrée du Raz Blanchard que « la porte s’ouvre ». À 13h, le courant s’arrête et commence à être dans le bon sens, nous passons entre le cap de la Hague et Aurigny et découvrons les iles Anglo-Normandes, le vent de NE pour 5 Beaufort pousse le navire jusqu’à 10 nœuds sur le fond. Les îles de Guernesey, Sark et Herm sont laissés sur tribord, Jersey et l’archipel des Minquiers sur bâbord. Les voiles sont carguées à 18h afin de pouvoir faire route vers l’est en direction de l’archipel français Chausey. Le vent souffle toujours du NE et la mer est belle, ce qui permet d’aller passer la nuit au mouillage au sud de la Grande île devant l’entrée du sound. À 22h30, alors que je fais une conférence sur l’Histoire des grands voiliers, dont le Belem fait partie, l’ancre est jetée.
Vendredi 20 septembre, la matinée est dédiée à une balade sur la grande île de Chausey, on y trouve, entre autres, le fort Renault et les anciennes carrières de granit qui ont servies à construire le célèbre Mont-Saint-Michel. En début d’après-midi, toujours au mouillage, les stagiaires sont invités, avec l’aide des matelots gabiers, à monter dans la mâture, une fois en hauteur, on découvre l’étendu de l’archipel de Chausey et ses légendaires 365 îles et îlots. À 16h, l’ancre est levée pour rallier Saint-Malo, les 20 derniers milles nautiques sont effectués au moteur. Le pilote du port de Saint-Malo embarque à 18h30 afin d’aider le Belem à se faufiler entre cailloux et forts de la Cité Corsaire. À 20h, le Belem est amarré au pied des murs de Saint-Malo.
Votre commandant Aymeric Gibet