Le Belem appareille du quai Saint Louis à Saint-Malo ce mardi 24 septembre à destination de Saint-Nazaire avec à son bord 48 stagiaires civils et 16 membres d’équipage professionnel. Le chenalage entre cailloux et forts de la Cité Corsaire nous propose déjà des paysages au caractère fort. Une fois passé le grand Jardin et l’île de Cézembre, le pilote débarque et nous changeons notre route en direction du Cap Fréhel. Nous pouvons ainsi observer ses falaises de grès rose d’environ 70 mètres, ses phares ainsi que le fort la Latte, ancien point stratégique surveillant les voies commerciales reliant Saint-Malo, la Normandie et les îles anglo-normandes. Après les deux services, nos stagiaires participent à la traditionnelle ronde des cabillots afin de se familiariser avec le gréement et les manœuvres courantes à bord. Aussitôt, dans le bain, il est établi deux étages de voiles d’étais ainsi que les voiles carrées jusqu’au perroquet. Le Belem file à 5 nœuds, route au nord dans la baie de Saint-Brieuc en laissant le champ éolien sur son tribord. Les moteurs sont démarrés en fin d’après-midi afin de se repositionner pour la nuit.
En début de nuit, ce mercredi 25 septembre, dans la magie de la nuit où l’on apprend à se connaître sans se voir et sous un ciel étoilé, les huniers fixes, volants, perroquets et basses voiles sont établis. Le Belem continu sa route au nord et se dirige vers la voie montante du trafic. Dans la matinée, un virement lof pour lof est réaliser, mais celui-ci ne nous permet pas de gagner à l’ouest, il est décidé de tout carguer et de démarrer les moteurs. Durant l’après-midi, les stagiaires découvrent le monde des gabiers en effectuant des ascensions basses et hautes. En soirée, le Belem file doucement vers la pointe du Finistère et retrouve les eaux de l’Atlantique.
Le jeudi, en début de nuit, nous embouquons le passage du Fromveur entre l’île d’Ouessant et l’archipel de Molène, lieu de très violents courants, qui pour nous atteindront 3 nœuds au plus fort. Nous observons les phares du Stiff, Créac’h, Kéréon et de la Jument sous un magnifique ciel étoilé. Durant la matinée, pendant que le Belem, à sec de toile dans le gros temps, navigue au large de la chaussée de Sein, les conditions météo se durcissent avec un vent établi à 8 Beaufort. Nous pouvons, plus que jamais, remercier nos deux cuisiniers qui nous proposent un buffet dans le grand roof, vue sur mer, dans une ambiance conviviale et chaleureuse, malgré ces conditions de navigation musclées. Durant l’après-midi, la mer grossit jusqu’à devenir très forte avec des crêtes de vagues atteignant 6 mètres, la courbe du barographe témoigne de ces conditions. Nos stagiaires découvrent le lien de camaraderie que tisse la navigation dans le gros temps. Le soir, je décide de mouiller en rade du Palais à Belle-Ile afin de reposer le navire et son équipage avant l’arrivée à Saint Nazaire.
Le vendredi, après une nuit reposante, le Belem appareille du mouillage puis longe la côte sud-est sous le lever du soleil. Les conditions de navigation sont toujours musclées, le pilote embarque juste avant le chenal d’entrée. Le Belem mouille trois maillons de son ancre bâbord au sud du vieux môle. Fin d’une navigation atypique qui poussa nos stagiaires à partager le quotidien des marins face aux rigueurs de la mer !
Votre commandant Aymeric Gibet