Le Belem embarque ses derniers stagiaires de l’année ce vendredi 18 octobre sous un soleil brestois dont le calme tranche avec les perturbations des derniers jours.
Nous larguons nos aussières, et nous évitons par tribord pour rejoindre la rade de Brest qui se vide à grande eaux à travers le goulet éponyme. C’est la période des grandes marées d’équinoxe, et le courant est fort.
Nos nouveaux membres d’équipage donnent tôt du biceps pour hisser Manta, le zodiac du Belem, qui leur apprend à être en rythme les uns avec les autres, ce dont ils auront bien besoin plus tard pour manœuvrer les phares carrés. En attendant de s’y attaquer, ils auront l’après-midi pour apprendre les termes nécessaires à l’envoi de telles voiles grâce à nos matelot(e)s-gabier(e)s, car nous ne pourrons passer le Raz de Sein avant 17h en raison du courant de flot qui s’inversera seulement plus tard. Nous ne les laissons pas en reste en les envoyant dans les mâts jusqu’en bout de la basse vergue, admirer le spectacle du phare des pierres noires par le travers tribord, qui signale les roches au Sud-Ouest des îles d’Ouessant, Molène et des Beniguets.
Nous passons finalement le Raz, sous un temps humide imprimé par le passage d’un front froid qui n’a de froid que le nom, les températures restant très agréables pour un mois d’octobre.Une fois le Raz passé et le phare de la vieille loin sur notre arrière bâbord, nous hissons 2 étages de voiles d’étai et 3 de voiles carrées, laissant nos perroquets et cacatois cargués-serrés pour la nuit, les prévisions météo nous incitant à la prudence. S’ensuit une belle nuit à la voile, parfois un peu humide avec quelques grains, mais qui permis à la lune presque pleine d’entrer en scène en fin de nuit, magistralement dévoilée par les derniers nuages bas, laissant entrevoir quelques étoiles par la même occasion.
La journée du lendemain fut marquée par le passage de Belle-île en matinée, sous une allure réduite et toutes voiles dehors, le vent mollissant. Le soleil radieux se balance derrière les voiles, le Belem roulant parfois un peu fort sous l’effet d’une houle marquée et peu appuyée par le vent faible. Sous le roulis on tient bien assis, aussi la conférence en grand-roof ravira nos stagiaires qui apprendront l’histoire vivante du Belem, toujours évoluant de nouvelles anecdotes.
Le dernier quart de nuit de l’année verra passer les phares de l’île d’Yeu sur Bâbord, au loin quelques pêcheurs s’activant sur le plateau de Rochebonne. Nous passons au petit matin le phare des Baleines, faisons route sur le fort Boyard, devant lequel nous évitons par bâbord juste avant le repas de midi. S’ensuit l’établissement des huniers et des basses voiles pour tirer un bord dans le pertuis d’Antioche. Ainsi, nous longeons la côte de l’île d’Oléron avant de virer lof pour lof avant la pointe de Chassiron, pour honorer notre rendez-vous avec le pilote.
Son embarquement sonne la fin du stage, avec un chenalage vers le port de La Pallice, à la fin duquel nous passons l’écluse du port à flot où nous nous amarrerons pour débarquer nos stagiaires.
Votre commandant Aymeric Gibet