Dans un mois le Belem quittera St Nazaire, rénové et rutilant au bout de sa période d'hivernage. Quatre mois de travaux très divers, menés avec le professionnalisme et la minutie qui permettront au plus ancien trois-mâts d'Europe d'accueillir et faire naviguer des centaines de stagiaires dans des conditions de sécurité conformes aux normes d'aujourd'hui, à juste titre très exigeantes.
Les travaux en cale sèche Chaque année le Belem effectue ce que l'on appelle un « arrêt technique » dans le cadre plus large de son « hivernage ». L'hivernage 2010-2011 s'est déroulé à St Nazaire et l'arrêt technique a été confié aux chantiers Eiffel Marine Industries. Il s'agissait cette année de renouveler, comme cela est le cas tous les 3 ans, le certificat de classification délivré par le Bureau Veritas. Commencée le 15 novembre 2010 cette longue séquence d'entretien du trois-mâts va s'achever le 15 mars. Le séjour en cale sèche, indispensable pour réaliser les travaux de coque et les vérifications et « visites » exigées par le BV, a duré près de 2 mois : car aux travaux initialement programmés – remplacement de tôles de la coque, de deux cloisons étanches datant de 1917, et remise à neuf du guindeau indispensable sésame des mouillages – s'est ajoutée une intervention non prévue, le remplacement de la ligne d'arbre tribord. Le séjour du Belem en cale sèche s'est ainsi trouvé prolongé de plusieurs semaines. Pour sa part, la grève du personnel des ports n'a pas accéléré la libération du trois-mâts attendue jour après jour par un équipage plus rassuré de savoir cette belle coque posée sur l'eau plutôt que sur le fond d'une cale !
Les charpentiers de bord à l'œuvre Pendant que le chef mécanicien suivait les opérations en salle des machines, les travaux sur le pont allaient bon train, notamment les travaux de menuiserie assurés grâce au savoir-faire et au talent des deux charpentiers de bord. Deux, carrément ? Mais ce n'est pas un luxe ! Comme le rappelle, depuis le pont (immobile) du Belem, le commandant Yann Cariou, la quantité d'éléments en bois présents à bord de ce navire est très conséquente. Le Belem est d'ailleurs le seul bâtiment de la Marine marchande à avoir son maître charpentier navigant, en la personne de Gaël Hubert – secondé avec beaucoup d'efficacité par Samir, gabier et charpentier de son état. L'atelier de menuiserie sous le gaillard avant vient d'être entièrement réaménagé et rééquipé, permettant ainsi de réaliser des travaux qui, auparavant, devaient être confiés à des sous-traitants.
Les gabiers présents à bord ont secondé les charpentiers en prenant en charge des travaux de revernissage de balustres, escaliers, coffrages, etc. Un travail long et minutieux : les habitués du Belem ne reconnaîtront pas les deux descentes menant à la batterie, remises à neuf, échelle et plancher, avec pas moins de sept couches de vernis et au préalable pas mal de journées de ponçage !
Tous présents pour l'inspection ! Embellir le Belem est la première mission des charpentiers. Mais il leur a fallu aussi cette année s'employer à un aménagement du poste équipage destiné à permettre l'accueil de « gabières » : car elles sont aujourd'hui deux à bord, une petite révolution. Agnès et Delphine ont rejoint les cinq collègues masculins et participent aux travaux dans le gréement : réfection des lignes de vie, des épissures , des étais de hune, des poulies, des manilles, des cordages... Beaucoup de travail en perspective pour tous... et toutes. Le 10 mars prochain, c'est un équipage au complet qui sera présent pour la venue à bord des Affaires maritimes qui, après inspection du navire et de son équipage, doivent accorder au Belem son autorisation de navigation et son certificat de sécurité en conformité avec les règlements français et européens. Et c'est muni de ce précieux viatique que, le 17 mars, le vénérable trois-mâts devrait appareiller pour le début de sa saison 2011.