Ce n'est pas le Rubicon... mais le Couesnon que la Fondation Belem a franchi pour accueillir son nouveau président. Succédant au Breton qu'est Paul Le Bihan, le Rouennais Nicolas Plantrou prend la tête de la Fondation avec, en perspective, de nouveaux projets pour consolider, affirmer, étendre le rayonnement du Belem en France comme à l'étranger. Des projets qu'il développe pour les lecteurs de la Newsletter.
A la différence de vos prédécesseurs à la présidence de la Fondation, votre parcours professionnel ne passe pas par la banque, mais par le droit... Je suis en effet avocat d'affaires, exerçant depuis trente ans dans ma ville natale de Rouen après avoir passé dix années dans un cabinet international à Paris. Je suis membre du Conseil économique, social et environnemental de Haute Normandie après en avoir été le président pendant six ans. Depuis 2009 je préside le Conseil d'Orientation et de Surveillance de la Caisse d'Epargne de Normandie. Et, comme vous savez, la Caisse d'Epargne, mécène du Belem, a mis en place la Fondation Belem. Je suis aussi très impliqué dans la vie associative, en particulier dans le domaine du handicap ainsi que celui de la culture. Mon principal loisir est la peinture – et j'ai par ailleurs été vice-président des Amis des Musées de Rouen.
Dans quelles circonstances la présidence de la Fondation vous a-t-elle été proposée et qu'est ce qui vous a incité à l'accepter ? J'étais déjà administrateur de la Fondation Belem depuis quelques années. Paul Le Bihan en quittant ses fonctions au sein du groupe des Caisses d'Epargne a estimé devoir quitter la présidence de notre Fondation. Je tiens ici à lui rendre hommage pour son implication totale au service de la cause du Belem. Il m'a proposé de lui succéder, connaissant mon goût pour les horizons maritimes et mon intérêt pour le Belem et sa grande valeur patrimoniale. J'ai hésité, car je savais combien la fonction était prenante. Mais j'ai accepté avec enthousiasme, persuadé que mon engagement serait accompagné par celui de tous les administrateurs au service de la Fondation.
Quels ont été vos contacts directs avec le Belem ? Je le connais pour être monté à bord chaque fois que le Belem est venu à Rouen à l'occasion de nos Grandes Armadas. C'était d'autant plus important pour moi qu'il s'agit du seul ancien grand voilier français encore en activité. Les équipes qui ont dirigé la Fondation depuis trente ans ont fait du Belem un navire capable d'attirer des milliers de visiteurs par an et un ambassadeur remarquable de la France à l'étranger. Pour moi, c'est cela le socle sur lequel nous allons nous appuyer pour aller encore plus loin à l'avenir.
Comment, justement, voyez-vous l'avenir du Belem ? En premier lieu, les Caisses d'Epargne sont d'accord pour ouvrir le mécénat du Belem à d'autres. Je rappelle que les Caisses d'Epargne sont seul mécène du Belem depuis qu'elles l'ont racheté et fait revenir en France en 1979, créant dans la foulée la Fondation qui porte son nom et a pour mission de le conserver dans le patrimoine de la France. A ce niveau et cette durée d'engagement, ce mécénat est d'une ampleur sans équivalent dans notre pays. Demain, les Caisses d'Epargne resteront le principal mécène du Belem mais ce sera un mécénat partagé. Nous comptons bien sûr sur la poursuite des liens que nous avons noués avec la Marine nationale, mais nous souhaitons aussi en faire émerger d'autres demain. Dans ce même ordre d'idées, nous allons créer un Club des Amis du Belem qui accueillera tous ceux qui veulent montrer leur attachement à ce navire exceptionnel. En échange d'une contribution qu'ils seront libres de déterminer ils pourront être associés de près à la vie du Belem par exemple au travers de cette Lettre du trois mâts que nous adapterons à son nouvel objectif, à travers aussi un accès privilégié au navire et aux manifestations auxquelles il sera associé ou auxquelles donneront lieu les diverses initiatives de la Fondation dans le domaine culturel par exemple. J'envisage que les amis du Belem puissent être réunis chaque année autour du 10 juin, date anniversaire du lancement de notre trois mâts, à Nantes notamment. Car, mettant à profit l'extraordinaire vitalité culturelle de cette ville, nous souhaitons exploiter beaucoup plus à fond les liens que l'histoire a tissé entre le trois mâts et Nantes, son port d'attache, sans renier ceux qui se sont fait jour plus récemment ailleurs en France au fil des escales et des évènements.
Et puisque vous évoquez les évènements qui rythment la vie du Belem, comment voyez vous l'exploitation du navire évoluer au cous des prochaines années ? Nous allons tout d'abord tenter de desserrer quelque peu l'étau du calendrier en raccourcissant autant que faire se peut la durée de l'entretien du navire l'hiver de façon à ce qu'il soit présent plus longuement dans son port d'attache ou disponible plus aisément pour des évènements de début de saison par exemple en Méditerranée, ou pour des navigations de fin d'hiver. Le Belem continuera d'honorer les grands rassemblements maritimes en France mais nous aurons aussi à cœur de l'associer à d'autres évènements emblématiques : ainsi les jeux Olympiques - je pense par exemple à ceux de Londres - ou à des départs de grandes courses au large rappelant que dans sa jeunesse, sans viser à battre des records de vitesse, il appareillait le plus souvent deux fois chaque année pour des voyages transocéaniques. Le Belem restera d'ailleurs fidèle à l'évocation de sa propre histoire, qui constitue une source féconde d'évènements. J'ajoute, et je pense que les lecteurs de cette Lettre y seront sensibles, que le conseil d'administration de la Fondation a réaffirmé que l'organisation de stages accessibles à tous à bord du Belem reste une dimension primordiale de l'exploitation du navire. La Fondation et l'équipage les y attendront donc pour de nombreuses années encore puisque nous comptons bien evidemment sur le maintien au firmament de la bonne étoile du Belem et, plus prosaïquement, sur le soutien de tous ceux qui auront à cœur de s'associer à l'ambitieux programme d'exploitation de ce magnifique symbole de l'histoire maritime française.